Flora Némoz
Professeure des écoles, Saint-Marcel-les-Annonay (Ardèche)
em.freinet.07[arobase]gmail.com
Résumé
Il n’existait pas jusqu’à présent de Groupe d’Analyse de Pratiques Professionnelles (GAPP) ni dans la Drôme, ni en Ardèche. C’est maintenant chose faite, et depuis janvier 2016 une dizaine de participant·e·s se réunissent une fois par mois environ pour analyser leurs vécus professionnels. Je me propose ici de vous raconter la naissance de cette aventure et comment un tel groupe a pu se mettre en place hors institution et fonctionner…
Mots-clés
GAPP, Ardèche, Drôme, pédagogie Freinet, démarrage
Catégorie d’article
Témoignage
Référencement
Némoz, F. (2017). Un GAPP en Drôme – Ardèche ! In Revue de l’analyse de pratiques professionnelles, No 11, pp. 46-54. http://www.analysedepratique.org/?p=2757.
1. Les prémices
Août 2012… C’est lors d’une randonnée que j’ai une révélation : je désire être professeure des écoles ! Très vite, à l’automne, tout en préparant le concours de recrutement, je rencontre des enseignant·e·s en pédagogie coopérative et pédagogie Freinet qui m’accompagneront tout au long de mon parcours. C’est dès cette première année de réflexions pédagogiques que j’ai l’occasion de participer à mon premier GAPP[1], un groupe animé par Pierre Cieutat dans le cadre de l’ICEM-34[2] et fonctionnant hors institution à Montpellier : une seconde révélation !
L’importance considérable de l’analyse de pratiques professionnelles (APP) dans la formation continue des enseignant·e·s m’apparaît alors comme une évidence. Tant de choses liées à notre propre enfance, tant d’émotions sont brassées en permanence dans ce métier « de l’humain ». Comment pourrait-on envisager de travailler avec de l’humain sans travailler notre propre dimension humaine et ses interactions avec les autres, nombreux, interlocuteurs·trices (collègues, hiérarchie, élèves, parents d’élèves…) ?
Ayant réussi mon concours dans l’académie de Grenoble où, renseignements pris, il ne semble pas exister de groupes d’analyse de pratiques professionnelles, je décide de me former moi-même à cette démarche afin de pouvoir faire exister ce dispositif dans ma région. C’est ainsi que j’assiste à une formation en juillet 2015 à Narbonne, encadrée par Patrick Robo et Richard Etienne.
2. Les fondations
En Ardèche où j’exerce à l’école primaire, il n’existait pas non plus de groupe de réflexion de l’ICEM-Pédagogie Freinet ; aussi en ai-je impulsé un au Sud du département en 2014-2015, un autre dans le Nord de ce même département en 2015-2016. C’est aux enseignant·e·s participant à nos réunions pédagogiques, public motivé et en réflexion sur sa pratique pédagogique, que j’ai pensé proposer la création d’un groupe d’analyse de pratiques professionnelles.
Or, je ne souhaitais pas mélanger la réflexion-formation au sein des groupes ICEM avec le travail d’analyse mené dans le GAPP. Si ce dernier me semble grandement inspiré, par certains aspects, des lieux de paroles ou des espaces de réflexion collective de la pédagogie Freinet et de la Pédagogie institutionnelle (à travers le « quoi de neuf ? », un cadre fort et bienveillant, la co-analyse et la réflexion coopérative autour de la situation proposée…),
il est à mon sens un dispositif à part nécessitant un cadre de réflexion précis et une rigueur dans le déroulement des interactions. Dans le GAPP, il n’est pas question d’échanges de pratiques pédagogiques, comme c’est le cas lors de nos autres rencontres, mais bien d’analyse de nos pratiques.
Aussi, n’ai-je pas proposé tout de suite à mes collègues de l’ICEM la création d’un groupe ardéchois d’APP. Comment tout cela a commencé ? C’est à l’occasion d’un groupe d’APP éphémère que je coanimais lors du stage annuel de l’ICEM-34 aux vacances de Toussaint 2015, que nombre de collègues enseignant·e·s en Drôme-Ardèche qui avaient assisté à cet atelier ont exprimé leur souhait de voir se poursuivre le travail initié ce jour-là.
« Pourquoi je veux intégrer le groupe d’analyse de pratiques ? Parce qu’enseigner aujourd’hui peut être un métier solitaire. Les équipes ne sont pas formées à travailler ensemble et les très réglementaires « projets d’école » restent pour beaucoup d’entre eux un vœu pieu ou lettre morte. Or il se passe tant de choses en une journée de classe, il y a tant d’interactions, d’enjeux, de choix faits, que lorsque la difficulté advient il est nécessaire de pouvoir en analyser la teneur depuis plusieurs points de vue : cognitifs, émotionnels, relationnels. »
Camille[3]
Dans la foulée, nous avons donc décidé de la création d’un groupe d’APP dans cette région et fixé une première rencontre à Valence.
J’ai accepté la proposition des collègues à plusieurs titres et pour les raisons suivantes :
- il y aurait dans le futur groupe un petit nombre de personnes ayant déjà participé à un GAPP que j’animais ;
- les rencontres à Valence, dans les locaux de l’association amie, l’OCCE-26[4], feraient de nos échanges un espace hors ICEM (bien que les participant·e·s soient en grande partie issu·e·s des groupes ICEM de la Drôme et de l’Ardèche) ;
- je tenais à ce que ce groupe fonctionne hors institution pour que le public soit volontaire et afin de ne pas tomber dans les travers de rapports hiérarchiques complexes et/ou de comptes à rendre.
C’est ainsi qu’une petite dizaine de participant·e·s s’est retrouvée début janvier 2016 pour la première d’une série de six rencontres. L’information a circulé de différentes manières : par mails envoyés aux écoles, aux groupes ICEM de la région, par le bouche-à-oreille…
Chaque séance a eu lieu sur le même créneau horaire : le mercredi après-midi de 15h à 17h30. Nous nous sommes vus six fois dans l’année scolaire, c’est-à-dire environ une fois par mois. Par la suite, nous garderons les six rencontres annuelles, c’est-à-dire une tous les mois et demi. Dans le mail de présentation envoyé figurait un descriptif de Patrick Robo expliquant les enjeux du GAPP. J’insistais par ailleurs sur l’implication de chacun·e dans ce processus, la rigueur et l’engagement nécessaires. Nous n’avons pas accepté des arrivées en cours d’année, décidant que le groupe devait d’abord se souder, gagner en confiance et en maturité (notamment dans le fait d’arriver à s’extraire du jugement et du conseil). Nous avons simplement décidé d’ouvrir la première et la dernière séance : la première pour que les personnes sachent ce à quoi elles s’engageaient, voient si le dispositif leur convenait et puissent s’engager en connaissance de cause ; la dernière pour que des personnes intéressées découvrent l’activité de ce groupe et nous rejoignent éventuellement à la rentrée suivante.
3. Le déroulement d’une séance
Le principe essentiel d’une séance d’un Groupe d’Analyse de Pratiques Professionnelles est, pour moi, la co-réflexion à travers la prise en compte d’une multiplicité de points de vue. C’est en effet en s’enrichissant des regards de tou·te·s les participant·e·s à la séance que se construit l’analyse de la situation proposée qui sera le support de l’analyse de la pratique de l’acteur central dans cette situation.
Au début de chaque séance, nous repartons de ce qui a été discuté lors de la phase « méta » de l’analyse précédente, et redéroulons le cadre et les objectifs développés par cette pratique de l’APP.
Pour ce faire, un protocole rigoureux est suivi, comprenant plusieurs phases :
- Dans un premier temps, il s’agit de trouver une situation qui sera exposée puis analysée. A cet effet, l’animateurtrice, après avoir rappelé les objectifs, principes et règles nécessaires au bon déroulement de la séance (confidentialité, respect de la parole de l’autre, non-jugement, non-conseil…), demande aux membres du groupe s’ils ont une situation à proposer. Après proposition d’un silence introspectif de quelques minutes pour que les participant·e·s « se mettent en évocation », un tour de table est proposé durant lequel s’expriment celles et ceux qui ont une situation à « prêter » au groupe, une situation qui leur a posé question, voire problème.
- Une fois que toutes les personnes qui le souhaitaient se sont exprimées, une situation est choisie par vote à main levée de tous les participant·e·s. Un premier vote à choix multiple a lieu : chacun·e peut voter pour toutes les situations qui l’intéressent. En cas d’égalité, on procède à un second vote, à choix unique cette fois-ci. L’animateur·trice peut décider que ce choix se fasse en fonction de l’urgence de la situation à être traitée ou bien mettre en avant le nombre de personnes intéressées par telle ou telle situation[5].
- Ensuite, la situation retenue est développée par la personne qui l’expose lors de la phase d’exposé, qui dure entre 5 et 15 minutes.
- Puis pendant les 30 à 45 minutes suivantes, s’ouvre une phase de questions posées à la personne ayant prêté la situation : c’est au tour de chacun·e et donc collectivement de recueillir un maximum d’informations qui aideront à la compréhension de la situation.
- A la suite de quoi, lors de la phase des hypothèses de compréhension qui dure entre 30 et 45 minutes, l’exposant·e est mis·e « à distance » de sa situation : il·elle reste dans le cercle, écoute ce qui est dit, peut prendre des notes, mais n’a plus la parole.
« J’ai vraiment ressenti que je prêtais un événement et qu’il était analysé indépendamment de moi. Les regards croisés des collègues du groupe m’ont permis de me décentrer et d’analyser une situation, qui du fait de l’évocation, a pris une autre dimension. Le GAPP m’a permis de me distancier, de percevoir des aspects que j’avais occultés et qui m’ont été avancés par les membres du groupe présents. »
Audrey
« L’accumulation d’hypothèses, émises comme telles et non comme vérités, m’a fait sortir de mon vécu de cette situation. Certaines ne m’ont pas vraiment parlé, mais grâce à d’autres j’ai pu comprendre certains facteurs de « pourquoi ça s’est passé comme ça ». J’ai obtenu des éclairages, à la fois sur moi-même et sur les autres facteurs de la situation.C’est comme si la caméra avait changé d’angle et m’avait fait voir la situation depuis d’autres points de vue que le mien. J’ai à la fois cessé de culpabiliser, et ressenti de l’empathie pour mes collègues. »
Ariane
Les hypothèses formulées par les autres participant·e·s cherchent à éclairer la situation et son amont, ce qui a conduit celle-ci à être ce qu’elle a été. Elles permettent également d’entrer dans une compréhension du présent, ce présent correspondant au temps du récit, borné par un début et une fin. Nous ne cherchons pas ici à agir sur le futur, simplement à comprendre le passé. C’est pour cela que les conseils sont bannis et que nous nous cantonnons à des hypothèses de compréhension. L’exposant·e, et les participant·e·s, feront ensuite leur propre chemin, les hypothèses entrant en résonnance à leur manière chez chacun·e d’entre eux…
- Enfin, la conclusion est laissée à l’exposant·e à qui l’on rend la parole. Le but de ce moment n’est pas de valider ou d’invalider des hypothèses, mais plutôt que l’exposant·e reprenne symboliquement possession de la situation qui est la sienne.
- La dernière phase est la phase « méta » dans laquelle il s’agit de réfléchir au dispositif lui-même et au savoir-analyser que développe peu à peu l’ensemble du groupe.
« Le GAPP permet de prendre le temps, ensemble, de réfléchir à notre pratique, de développer mon imagination et de développer mon empathie. »
Myrtille
« Le GAPP me permet de prendre du recul, de construire un espace de respiration nécessaire pour pouvoir répondre à une situation professionnelle consciemment plutôt que de réagir de façon impulsive. »
Delphine
« Dans ce groupe je suis la seule qui ne suis pas institutrice. Mon activité principale rémunératrice est d’être veilleuse de nuit remplaçante dans un foyer d’accueil médicalisé. Je découvre donc le champ de l’éducation et de l’institution scolaire par le biais de ces rendez-vous bimestriels. Je découvre avant tout une méthode d’animation et de cadrage des échanges fructueuse et bénéfique pour l’émergence d’une pensée collective autour d’un objet aussi tortueux que prenant, le rapport au travail. »
Claire
« En tant que participante, j’apprends à écouter, tant l’exposant·e que les autres participant·e·s, j’apprends à analyser une situation qui ne m’appartient pas, à prendre du recul ; les autres participant·e·s peuvent émettre des hypothèses opposées aux miennes ; mais je découvre que cette opposition apparente est en fait un terreau très riche pour la réflexion. »
Ariane
4. Les premières séances
Il ne fut pas si évident lors des premiers échanges d’entrer dans la rigueur linguistique et dans les schémas de pensée qu’impose la pratique du GAPP.
« Cet atelier m’oblige aussi à une rigueur lors de la séance : écouter une situation sans réagir, puis émettre des hypothèses et non des conseils (qu’est ce qui en amont de la situation a pu déclencher les choses ?), rendre la situation et clore. »
Delphine
Sortir du jugement et du conseil, dans lesquels l’Institution scolaire et la société nous enferment en permanence, ne fut pas chose aisée !
« Je m’entraîne à parler sans critiques ni jugements, c’est un exercice difficile, mais on s’entraide ! »
Ariane
Heureusement, le groupe, bienveillant et désireux de se confronter à ce dispositif nouveau, fut vigilant dès le départ à ce que les conseils soient évités.
« Ma participation au GAPP a été pour moi cette année, en tant qu’exposante, l’occasion d’exposer une situation personnelle et professionnelle problématique sans craindre le jugement, l’avis péremptoire. »
Audrey
« En tant qu’exposante, le GAPP m’a énormément aidée à « revisiter » une situation professionnelle que j’avais très mal vécue. La bienveillance, l’écoute, l’absence de conseils sont des conditions qui m’ont permis de m’ouvrir aux hypothèses émises. »
Ariane
Lors des séances qui ont suivi, nous avons peu à peu trouvé les mots justes pour formuler des hypothèses, sur la situation en question et son amont, dans lesquelles jugements et conseils étaient évités, pour trouver la manière de rester sur l’analyse afin de comprendre et de ne pas conseiller telle ou telle chose, pour laisser la personne ayant proposé sa situation trouver elle-même ses propres réponses. Au fur et à mesure des rencontres j’ai senti que les façons d’aborder une situation mûrissaient, évoluaient. Beaucoup moins de conseils étaient formulés. Les hypothèses étaient riches et variées.
« Je sais que si je vis un moment difficile j’aurai un lieu pour l’exposer avec des collègues bienveillants, dans le non jugement, et que la multitude des propositions me permettra d’y voir plus clair et certainement d’avancer pour résoudre cette difficulté. C’est sécurisant. »
Delphine
A l’issue de chaque séance, les exposant·e·s verbalisaient le fait de sortir de cette expérience grandi·e·s, enrichi·e·s.
« Cette structure de l’atelier « cadrante » dans ces différents temps met à distance et permet de s’exprimer facilement. Ce travail a un écho au quotidien dans la classe avec les élèves, les parents, les ATSEM (Agents Territoriaux Spécialisés des Ecoles Maternelles), les collègues, et le personnel qui gravite autour de l’école : écoute plus attentive, capacité à dire les choses de façon plus posée et constructive, trouver une issue ensemble favorable à chacun. Enfin, cet atelier, c’est de belles rencontres : on a plaisir à se retrouver ; il élargit le champ de collègues de travail, nous ouvre sur d’autres organisations, façons de penser et d’analyser les choses. »
Delphine
« En revenant à l’école la semaine suivante, j’étais beaucoup plus apaisée : par rapport à mes collègues, et aussi par rapport à moi-même. J’étais droite dans mes bottes, mais sans ressentiment. J’émets l’hypothèse que si cette situation n’avait pas été analysée par le groupe, j’aurais nourri beaucoup de rancœur, de culpabilité, et, me connaissant, les relations avec mes collègues auraient pu se dégrader. »
Ariane
5. Au bout de six mois
Après six rencontres entre janvier et juin 2016, le groupe a poursuivi son travail durant l’année scolaire 2016-2017. Certaines personnes ont décidé de ne pas poursuivre pour des raisons d’emploi du temps et le groupe s’est par ailleurs étoffé. Ce groupe, très dynamique (et assez jeune, compte tenu de l’âge des participant·e·s et pas seulement de la courte existence du groupe en lui-même !) se questionne beaucoup et les phases de méta-analyse, qui permettent de faire un retour sur le dispositif en sont d’autant plus intéressantes.
« L’analyse de pratiques donne le recul nécessaire à avoir dès l’instant où notre profession engage qui nous sommes et ce que nous sommes pour réussir un fonctionnement aussi précis et difficile qui est celui d’enseigner. L’intimité (en fidélisant le groupe) qui se crée permet en écoutant, en intervenant, en échangeant, d’analyser, de comprendre, de réajuster notre pratique professionnelle. Les exemples, les situations proposées sont riches et porteuses. Les solutions se présentent et ce qui se définissait comme un « handicap » lourd et insoluble devient matière à travail et énergie nouvelle pour continuer. N’oublions pas que l’on est seul devant notre classe… devant un, deux… ou trente élèves qui sont des enfants avec un costume d’élève qu’il nous faut bien souvent savoir défroisser… »
Corinne
« C’est cette variété de points de vue sur une difficulté professionnelle que m’offre le GAPP. De cette variété, et des prises de recul qu’elle induit sur ses propres interprétations-solutions, pour la personne qui expose sa situation comme pour celles qui l’accompagnent, ont toutes les chances d’émerger une ou plusieurs solutions. Ces solutions peuvent ne résider que dans le recul que prend celui qui expose sur la situation exposée : il suffit parfois d’un très léger changement de posture de l’enseignant pour dissoudre un nœud de la relation pédagogique. »
Camille
Nous testons des choses d’une fois sur l’autre, nous avançons ensemble, collectivement, coopérativement. Ainsi, nous avons réfléchi à d’autres manières de choisir l’une ou l’autre des situations proposées par les participant·e·s, à d’autres manières de les présenter : d’une présentation sous forme de titre journalistique donnant peu d’informations sur la situation, nous avons progressivement évolué vers une « bande annonce » puis une « légende de photo de journal », tentant chaque fois de faire en sorte que les nouvelles règles nous aident à choisir une situation par laquelle le plus grand nombre de participant·e·s se sentent concerné·e·s.
6. Conclusion
Nous avons commencé à créer en Drôme-Ardèche un espace bienveillant, un espace de parole où libérer et analyser ce qui se passe dans nos pratiques professionnelles. Il me semble primordial que les enseignant·e·s, en première ligne dans la formation des citoyen·ne·s en devenir, et sur qui l’on fait reposer cette lourde tâche, aient, au même titre que les éducateur·trice·s ou les psychologues, des espaces hors de tout cadre hiérarchique et dans lesquels ils et elles puissent s’exprimer sans recevoir en échange ni jugements ni conseils.
Le déroulé d’un GAPP peut paraître rigide à certain·e·s qui débutent dans cette démarche. Il m’apparaît que c’est plutôt la rigueur de ce cadre, tant dans la gestion de la prise de parole que dans sa temporalité, qui est garante de la réussite d’une analyse collective et bienveillante. Cette dernière ne peut se passer d’une méthodologie fine.
Depuis le début de la rédaction de cet article, le groupe a continué son chemin. Nous terminons en juin 2017 la deuxième année de son histoire et nous nous apprêtons à poursuivre pour les années à venir, les participant·e·s ressentant le besoin de poursuivre dans cette voie. Petit à petit, j’ai commencé à passer le relai de l’animation (en co-animation dans un premier temps) afin que d’autres, volontaires et motivé·e·s, s’y exercent. Ensemble, nous continuons de grandir et de nous enrichir mutuellement.
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Notes
[1] Groupe d ’Analyse de Pratiques Professionnelles.
Voir : http://probo.free.fr/ecrits_app/gfapp_definition.pdf.
[2] ICEM – Institut Coopératif de l’Ecole Moderne de l’Hérault – Association de pédagogie Freinet. http://www.icem34.fr.
[3] Dans le cadre de la rédaction de cet article, j’ai demandé aux participant·e·s au GAPP de me donner leurs impressions sur ce qu’ils·elles vivaient lors des séances ; ainsi, je leur ai demandé d’écrire sur « ce que vous apporte la création d’un tel groupe d’analyse de pratiques ». Seules des femmes (étonnamment majoritaires dans le groupe !) ont répondu. Leurs réponses figurent en italique dans le texte.
[4] Office Central de la Coopération à l’Ecole de la Drôme.
[5] C’est ce que j’ai préféré faire dans un premier temps, commençant tout juste à animer des groupes et ne souhaitant pas me mettre davantage en tension que ne le procure déjà le simple fait d’animer un groupe. En effet, l’urgence peut faire émerger des situations émotionnellement encore très fortes chez un·e exposant·e.